Vous avez choisi le statut de micro-entrepreneur au lancement de votre activité. Simple, accessible, adapté aux premiers pas dans l’entrepreneuriat, il vous a permis de démarrer rapidement, sans formalités complexes, avec des charges calculées directement sur votre chiffre d’affaires.
Mais votre situation évolue. Votre chiffre d’affaires progresse, vos dépenses augmentent, vous investissez dans du matériel ou envisagez de recruter. Ces évolutions témoignent du développement de votre activité. Elles peuvent aussi modifier l’équilibre entre ce que vous gagnez réellement et ce que votre statut vous coûte.
Certains signaux méritent qu’on s’y arrête pour évaluer si votre statut actuel optimise encore votre rémunération et votre protection sociale.
➡️ Cet article vous aide à identifier ces moments charnières et à comprendre ce qui se joue réellement lorsque votre activité grandit.
Les signaux d’alerte : quand se poser la question ?
Le passage d’un statut à un autre ne se décide pas à la légère. Il repose sur une analyse de votre situation financière, de vos dépenses réelles, de vos ambitions et de vos obligations réglementaires.
Voici les quatre principaux signaux qui indiquent qu’il est temps d’étudier votre situation.
- Signal 1 : votre chiffres d’affaires (CA) approche les seuils réglementaires (77 700 € ou 188 700 €).
- Signal 2 : vos dépenses réelles sont importantes ou vous prévoyez des investissements.
- Signal 3 : votre CA franchit le seuil de TVA (37 500 € en services, 85 000 € en vente).
- Signal 4 : vous envisagez de vous associer ou de structurer davantage votre activité.
1. Votre chiffre d’affaires approche ou dépasse les seuils réglementaires
Le régime micro-entrepreneur s’applique dans la limite de plafonds de chiffre d’affaires fixés par la loi.
En 2025, ces seuils sont de :
- 77 700 € pour les prestations de services et les professions libérales,
- et 188 700 € pour les activités de commerce et de vente de marchandises.
Au-delà de ces montants, vous basculez automatiquement vers un régime réel d’imposition.
Même avant d’atteindre ces plafonds, il peut être intéressant d’anticiper ce changement. Le dépassement des seuils entraîne des conséquences immédiates sur votre gestion administrative, votre facturation et vos obligations déclaratives.
2. Vos dépenses réelles sont importantes (ou vous prévoyez des investissements)
En micro-entreprise, vos cotisations et vos impôts sont calculés sur une base simple : l’État considère qu’une partie de votre chiffre d’affaires correspond à vos dépenses. Cette partie est déduite automatiquement, c’est ce qu’on appelle l’abattement forfaitaire.
Son montant varie selon votre activité :
- 71 % pour la vente de marchandises,
- 50 % pour les prestations de services artisanales,
- et 34 % pour les professions libérales.
➡️ Prenons un exemple :
Vous êtes consultant et réalisez 50 000 € de chiffre d’affaires dans l’année. L’État applique un abattement de 34 %, soit 17 000 €. Il considère donc que votre bénéfice est de 33 000 €. Vous paierez vos cotisations et vos impôts sur cette base.
Le piège de l’abattement forfaitaire
Si vos dépenses réelles sont de 30 000 €, vous payez quand même sur 33 000 €.
Si vos dépenses réelles dépassent cet abattement forfaitaire, vous payez des cotisations sur un montant supérieur à ce que vous gagnez réellement. Cette situation est fréquente lorsque vous prévoyez des investissements importants : véhicule professionnel, matériel informatique, aménagement d’un local.
En micro-entreprise, vous ne pouvez déduire aucun de ces investissements.
À retenir :
3. Votre chiffre d’affaires franchit le seuil de TVA
En tant que micro-entrepreneur, vous bénéficiez de la franchise en base de TVA : vous ne facturez pas la TVA à vos clients et ne la reversez pas à l’État. Cette franchise s’applique tant que vous restez en dessous de certains seuils :
- 37 500 € pour les prestations de services,
- et 85 000 € pour les activités de commerce (seuils 2025).
Au-delà de ces montants, vous devez facturer la TVA à vos clients et la reverser à l’État. Comme vous restez dans le statut micro-entreprise, vous ne pouvez toujours pas récupérer la TVA que vous payez vous-même sur vos achats professionnels.
C’est souvent à ce moment qu’un changement de statut devient intéressant.
4. Vous envisagez de vous associer ou de structurer davantage votre activité
Le statut de micro-entrepreneur est conçu pour une activité individuelle simple.
Si vous souhaitez vous associer avec un autre entrepreneur, ce statut ne le permet pas : il faudra créer une société.
Concernant le recrutement, un micro-entrepreneur peut techniquement embaucher un salarié. Mais dans les faits, c’est rarement pertinent : le salaire et les charges ne sont pas déductibles de votre chiffre d’affaires. Si vous envisagez de recruter, un autre statut sera généralement plus adapté.
Un exemple chiffré : combien pouvez-vous gagner en changeant de statut ?
| Micro-entreprise | Entreprise Individuelle (régime réel) | |
|---|---|---|
| Chiffre d’affaires | 50 000 € | 50 000 € |
| Dépenses réelles | 30 000 € (non déductibles) | 30 000 € (déductibles) |
| Cotisations sociales | 12 400 € | 5 846 € |
| Impôts | 3 065 € | 0 € |
| Revenu net | 4 535 € | 14 154 € |
Situation de départ :
Vous êtes micro-entrepreneur, prestataire de services, avec un chiffre d’affaires annuel de 50 000 € et des dépenses réelles de 30 000 € (matériel, déplacements, sous-traitance, assurances, formation).
Résultat :
Dans cette simulation, le passage en Entreprise Individuelle permettrait de gagner près de 10 000 € de plus par an. L’écart est significatif, et pourtant beaucoup de micro-entrepreneurs dans cette situation ne le réalisent pas.
Ce tableau est une simulation basée sur un profil précis. Le résultat pour vous dépend de nombreux facteurs : votre chiffre d’affaires exact, vos dépenses, votre situation familiale, vos autres revenus.
➡️ Une simulation personnalisée est indispensable pour évaluer votre situation.
Comment savoir si vous êtes concerné ?
Ces calculs nécessitent une analyse approfondie. L’écart entre ce que vous gagnez aujourd’hui et ce que vous pourriez gagner dépend de nombreux paramètres qu’il est difficile d’évaluer seul : vos revenus du foyer, vos projets à court terme, le timing du changement, les options fiscales disponibles…
Un changement de statut mal anticipé peut entraîner des rattrapages de cotisations, une fiscalité plus lourde que prévu, ou des démarches administratives dans l’urgence. Il est essentiel d’être bien accompagné.
🤔 Vous vous reconnaissez dans l’un de ces signaux ?
Votre chiffre d’affaires augmente, vos dépenses s’accumulent, vous commencez à vous interroger sur votre statut… Le seul moyen d’y voir clair : une simulation personnalisée avec un expert.
Pourquoi en parler avec Thibault Mazet ?
Depuis 12 années, il accompagne les entrepreneurs chez Cerfrance qui souhaitent faire le point sur leur situation. Si un changement est pertinent, il vous accompagne également dans les démarches : choix du statut, formalités, mise en place de la comptabilité.
Micro-entreprise aujourd’hui, entreprise demain : avancez l’esprit léger avec Cerfrance
Confiez ces démarches à un expert local : concentrez-vous sur vos projets, nous veillons sur le reste.